Crypto : où en est la parité, 60 ans après la loi pour l'indépendance financière des femmes ?

En juillet 2025, les femmes célèbrent 60 ans d'indépendance bancaire. Pourtant, dans les faits, l'égalité reste loin d'être acquise, surtout dans l'univers des cryptomonnaies. Comment expliquer cet écart et comment le réduire ? Tour d'horizon entre chiffres, témoignages et pistes d'émancipation.

Crypto : où en est la parité, 60 ans après la loi pour l'indépendance financière des femmes ?

Où en est la parité financière en France ?

Le 13 juillet 1965 est promulguée une loi qui a changé la vie des Françaises. Elle permet enfin aux femmes mariées d'ouvrir un compte à leur nom et de travailler sans l'accord de leur mari. Deux ans plus tard, elles accèdent à la Bourse de Paris. Soixante ans après cette loi, les femmes profitent-elles pleinement de ces possibilités ?

Selon la dernière étude de l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'égalité n'est pas encore totale en matière d'investissement financier : en 2024, la France comptait 1,7 million d'investisseurs particuliers actifs, soit + 21,5 % en 2 ans. Pourtant, le nombre d'investisseuses stagne autour de 430 000. Résultat : leur part recule de 30 % à 25 %. Ainsi, pour chaque femme qui investit, il y a 3 hommes. Une première réponse à ce récent recul vient de la différence de patrimoine : d'après la dernière étude de l'Insee sur le sujet, entre 1998 à 2015, la différence de patrimoine entre hommes et femmes s'est creusée, passant d’une moyenne de 7 000 à 24 500 euros.

Une autre explication peut être trouvée dans le Baromètre de l'épargne Ifop‑Altaprofits 2025. Il confirme que seules 8 % des femmes détiennent un PEA, contre 16 % du côté des hommes. Cela s'expliquerait par la plus grande aversion au risque de celles-ci, qui privilégient les actifs moins risqués (76 % des femmes préfèrent les placements sans risque, contre 69 % des hommes selon la même étude). Elles se tourneraient donc davantage vers les livrets ou assurances-vie à gestion pilotée. Qu'en est‑il, alors, d'un marché réputé ultra‑volatile comme la cryptomonnaie ?

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D'après l'étude 2025 de l'Adan consacrée à l'investissement dans les cryptoactifs en France, 67 % des investisseurs sont des hommes, contre 33 % de femmes. C'est mieux que l'année précédente, lorsque les hommes représentaient 70 % des investisseurs à eux seuls. Mais en remettant en perspective que 10 % des Français investissent dans les cryptos… ça ne fait que 3,3 % de femmes qui possèdent des cryptomonnaies dans la population.

Etude chiffres AdanExtrait de l'étude de l'Adan

 

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Qu'est-ce qui freine les femmes dans l'investissement crypto ?

Le simple fait d'investir ne suppose pas que de s'informer… mais aussi de se tenir informée régulièrement, et il faut dire que de nombreuses femmes n'ont pas ce temps : « Ça me semble juste être une charge mentale en plus, et ça ne m'intéresse pas de vérifier les cours quotidiennement », explique une trentenaire. Si une femme est déjà sous l'eau de devoir gérer son foyer, l'investissement vient bien après dans ses priorités.

D'autant plus qu'il faut pouvoir épargner pour investir : « Je n'ai pas les moyens d'investir de toute façon », ajoute ainsi une jeune femme vivant en région parisienne. Il faut dire qu'en 2023, dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 22,2 % à celui des hommes selon l'Insee. Elles sont aussi plus nombreuses dans une situation difficile : on compte en France 25,9 % de familles monoparentales, dont 81 % formées par une mère et ses enfants, selon la dernière étude de l'Insee à ce sujet.

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Pour beaucoup de femmes, la crypto reste un univers perçu comme complexe, avec une barrière technique. Comprendre la blockchain, jongler avec des wallets, décrypter les frais de gas… « Ça a l'air très compliqué », souffle une interrogée par Cryptoast. Une impression amplifiée par une régulation encore trop floue. « Du peu de ce qu'on m'a dit, je suis sceptique, mais j'avoue que je ne suis pas assez informée sur le sujet », ajoute une autre. Ce mécanisme s'explique par la notion de sexisme intériorisé, décrite par Benita Bearman, Neill Korobov et Avril Thorne (2009), qui montrent comment, dès l'adolescence, les femmes peuvent intérioriser l'idée qu'elles sont « moins douées », reproduisant ainsi des comportements d'auto-dévalorisation.

En plus de cela, les cryptomonnaies restent pour certaines trop déconnectées du quotidien : « Dans ma tête, les cryptos, c'est pas du vrai argent avec lequel je peux payer mon pain »« Ce n'est pas de l'argent palpable (...) et c'est très taxé », confirme une autre.

Sur Cryptoast, notre audience illustre bien ces témoignages : il y a seulement 14 % de lectrices sur le site ; elles représentent 11,3 % des vues sur notre chaîne YouTube et 3,4 % sur X. Du côté de Cryptoast Academy, c'est encore plus flagrant : elles représentent 5 % des inscriptions et 3 % des vues sur la chaîne dédiée. Pas de doute, le Bitcoin, l'Ether ou le SOL captent avant tout un public masculin… et c'est bien dommage, vu les records de ces derniers jours.

Et puis quand les femmes s'y intéressent, d'autres barrières surviennent : le besoin de prouver ses compétences ou de se sentir légitime. Selon une professionnelle du secteur, qui s'est plongée au fil des ans dans d'autres milieux techniques généralement masculins, la pression de performance est bien réelle : « Tout comme dans d'autres domaines traditionnellement masculins (informatique, sport...), on se heurte souvent à une remise en question de nos compétences et connaissances, simplement parce qu'on est une des rares femmes du domaine ».

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Et pourtant, les femmes s'y intéressent

Mais le nombre de femmes qui s'intéressent au domaine est en constante augmentation. Comme le montrait l'étude de l'Adan, la part de femmes dans les investisseurs en cryptomonnaies a augmenté de 3 % cette année en France. Le rapport « State of Crypto » 2025 de Gemini place même la moyenne mondiale à 32 % de femmes, avec 34 % en Italie.

La DeFi est un monde de plus en plus accessible, et on peut trouver de nombreux exemples de femmes qui se sont appropriés cet univers. Ainsi, Sarah‑Diane Eck a cofondé le projet Sandblock en 2017 (devenu Lum Network) : son ICO en mars 2018 la place parmi les toutes premières dirigeantes françaises à avoir piloté une levée crypto.

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Mais pour que cet univers soit plus abordable pour les femmes, ne serait-ce pas l'éducation financière et le volet pédagogique qu'il faudrait explorer en premier ? C'est l'avis d'Amandine Claude, « La Mineuse », qui se présente comme « en mission pour rendre les cryptomonnaies accessibles aux meufs », au magazine Elle. L'entrepreneuse dit avoir acheté ses premiers bitcoins en 2014 ; elle anime aujourd'hui un serveur Discord, des réseaux sociaux très suivis, ainsi que des webinars.

Parmi les femmes influentes dans la crypto, Claire Balva est tout à fait reconnue comme experte nationale, intervenant dans plusieurs interviews. Cofondatrice de Blockchain Partner en 2015, elle est aujourd'hui Vice‑Présidente Stratégie de Deblock. Elle est aussi nommée DG de l'Adan pour le 1er septembre 2025.

Il faut rappeler que la crypto se veut inclusive : l'ouverture d'un wallet est gratuit, le ticket d'entrée faible, et comme on vient de le voir, plusieurs communautés en ligne sont accessibles. Faut-il vraiment avoir une éducation financière particulière pour se lancer dans ce monde, ou l'envie et surtout, la curiosité, ne seraient-ils pas le meilleur moteur (pas seulement pour les femmes, d'ailleurs) ? Combattre les biais de genre pourrait construire le chemin vers cette curiosité pour les femmes.

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