Les Français doivent-ils investir pour sécuriser leur retraite ? Entretien exclusif avec Éric Ciotti
Alors qu’Éric Ciotti a déposé un projet de loi pour réformer le Plan d’épargne en actions (PEA) avec des mesures particulièrement avantageuses pour l’épargnant français, nous avons voulu aller plus loin sur le sujet. Dans cet entretien exclusif, nous abordons ainsi l’importance de l’investissement et les solutions à mettre en œuvre face à un système de retraites en déclin.

Réformer le PEA pour encourager les Français à investir ? Le point de vue d’Éric Ciotti
La semaine dernière, le député Éric Ciotti, président de l’Union des droites pour la République (UDR), a déposé un projet de loi à l’Assemblée nationale pour réformer le Plan d’épargne en actions (PEA), cosigné par les 12 autres députés de son groupe parlementaire.
Lors de l’écriture de ces lignes, ledit projet de loi a été renvoyé devant la Commission des finances, et nous pouvons rappeler succinctement la petite révolution qu’il constituerait en cas d’adoption :
- Supprimer les plafonds de dépôt des PEA, PEA Jeune et PEA PME pour créer une enveloppe PEA unique au plafond illimité ;
- Autoriser l’ouverture de plusieurs PEA pour mettre les différents courtiers en concurrence ;
- Appliquer les règles successorales de l’assurance-vie aux PEA pour les versements effectués avant 70 ans (entre autres, les 152 500 euros d’abattements) ;
- Lors d’une succession, les actifs des PEA pourront être versés sur ceux des bénéficiaires, évitant ainsi un évènement imposable, mais sans purger pour autant les plus-values latentes.
Au troisième trimestre 2024, les Français épargnaient 2 078,3 milliards d’euros dans des assurances vie, et ce, à 75 % dans des produits de dette, alors que seulement 116,89 milliards d’euros étaient déposés dans les PEA. Dans ce contexte, nous sommes allés à la rencontre d’Éric Ciotti, pour comprendre les tenants et aboutissants de cette initiative.
Comment l’idée de réformer le PEA vous est-elle venue ?
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Nous faisons face à un double constat : d’un côté, une épargne abondante, mais mal orientée ; de l’autre, un outil existant, le PEA, totalement sous-utilisé. Alors que plus de 60 % de l’épargne des Français dort sur des produits obligataires à faible rendement, moins de 2 % est placée via un PEA. Nous avons voulu agir sur ce levier, avec une réforme de bon sens pour rediriger l’épargne vers notre économie productive. Tous les acteurs que nous rencontrons — gestionnaires d’actifs, économistes, entrepreneurs — nous disent la même chose : le PEA est bridé, méconnu, et doit être relancé. Nous l’avons fait.
👨🏫 Quelles sont les meilleures actions à placer dans un PEA ?
Au regard de ces chiffres, les Français ont parfois la réputation d’être averses au risque. En mai dernier, une enquête de Yomoni faisait par exemple grand bruit en avançant que 79 % de nos concitoyens jugeraient le Loto moins risqué que la bourse. Nous avons voulu connaître le point de vue du député sur ce manque de popularité de l’actionnariat dans le pays :
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Parce que notre système fiscal et successoral incite structurellement à la frilosité. L’assurance-vie, par exemple, est largement favorisée en matière de transmission : abattements généreux, exonération partielle, etc. Le PEA, à l’inverse, est fiscalisé à la mort du titulaire, sans aucun abattement. C’est absurde. Les Français n’ont pas peur du risque, mais rationnellement, ils misent sur les solutions les moins pénalisantes. Redonner un statut équitable au PEA, c’est leur redonner confiance.
Une responsabilité politique ?
À l’inverse des gouvernements successifs qui creusent le déficit de l’État année après année depuis 1974, les Français prouvent qu’ils savent épargner. D'ailleurs, les statistiques de l’Insee montrent ainsi qu’en 2024, le taux d’épargne moyen des ménages s’élevait à 18,2 % du revenu brut disponible, chutant toutefois à 9 % en tenant uniquement compte de l’épargne financière.
Face à ce statu quo mis en lumière par ces chiffres, Éric Ciotti pointe du doigt certaines responsabilités politiques :
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Ce sont les choix politiques qui ont dirigé l’épargne dans des produits passifs, à faible rendement. La fiscalité a été pensée pour préserver la rente, pas pour encourager l’investissement. Ajoutez à cela une méconnaissance manifeste, y compris chez les décideurs publics, des mécanismes de financement de notre économie : on préfère que les entreprises investissent par la dette plutôt qu’en faisant appel aux fonds propres. Résultat : l’épargne des Français est placée là où elle sert le moins.
Compte tenu de cela, n’y a-t-il pas une volonté (consciente ou non), de certains groupes politiques pour d’entretenir une forme de précarité afin de renforcer leur position ?
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Il y a une forme de préférence pour la dépendance. La gauche française, biberonnée au socialisme, cherche à maintenir les Français dans un système paternaliste où l’État redistribue plutôt qu’à les responsabiliser par l’épargne et la propriété. Et la droite, malheureusement, n’a pas toujours eu le courage de contrecarrer cette pernicieuse tendance. Encourager nos compatriotes à devenir acteurs de leur avenir, c’est aussi les émanciper de l’État : c’est le cœur de mon combat politique.
La retraite par capitalisation contre la retraite par répartition
Le système actuel par répartition
En France, nous sommes dans un système de retraites par répartition. C’est-à-dire que ce sont les travailleurs actifs qui, par les prélèvements dont ils s’acquittent, financent les retraites des personnes qui ont cessé de travailler. Contrairement à ce qui peut être entendu par abus de langage, nous ne cotisons donc pas « pour notre retraite », mais bien pour celles des retraités actuels.
Dans des conditions de forte natalité, c’est un système intéressant, car de nombreux actifs sont capables de financer ceux qui ne sont plus en âge de travailler. Toutefois, quand la courbe des naissances s’inverse, nous allons alors au-devant de problèmes et la dynamique ne peut plus être entretenue.
Jusque-là, les différents gouvernements n’ont semblé agir que sur 2 leviers : le recul de l’âge de départ et la hausse des cotisations. Pourtant, cette dynamique n’est pas viable, et nous pouvons alors nous demander pourquoi le Gouvernement continue à l'entretenir :
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Parce qu’il est prisonnier de sa propre peur. Peur de la transition, peur de la réaction syndicale, peur de la vérité. Mais le statu quo est plus dangereux encore. Le ratio cotisants/retraités va mécaniquement s’effondrer, et les rustines (allongement de l’âge, hausse des cotisations) ne suffiront plus.
La solution se trouve-t-elle dans un système par capitalisation ?
Malgré tout, une autre solution existe : le système par capitalisation. Ici, l’idée est que les cotisations des citoyens actifs servent à financer leur propre retraite, en investissant cet argent dans des actifs censés s’apprécier sur le long terme, à l’image du marché des actions.
Selon les sources et le nombre d’années prises en compte, la performance du CAC 40 (dividendes réinvestis) oscille dans une moyenne de 7,4 à 10,7 % par an. Même en considérant une borne pessimiste (7 %), nous pouvons estimer qu’un travailleur qui investirait 200 euros par mois sur le CAC 40, dès 20 ans pendant 40 ans, disposerait d’un capital de près de 480 000 euros avant impôts à l’âge de 60 ans, grâce à la magie des intérêts composés :
Intérêts composés de 2 400 euros par an placés à 7 % sur 40 ans
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Si la réalité n’est jamais aussi linéaire et qu’il ne s’agit là que de moyenne, un tel raisonnement donne toutefois matière à considérer un système de retraite par capitalisation, où une partie des cotisations seraient investies dans la croissance de l’économie française.
Pour Eric Ciotti, le refus d’un tel système « est une forme de myopie budgétaire et d’injustice générationnelle ».
Selon lui, la France doit ainsi se tourner vers un système de retraite par capitalisation « sans la moindre ambiguïté », bien qu’il doive d’abord venir en complément du système par répartition, et non le remplacer brutalement, au risque de constituer une injustice pour les personnes cotisant déjà depuis de nombreuses années :
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Ce que nous proposons, c’est un système mixte à trois piliers, qui conjugue solidarité, responsabilité et performance. Le premier pilier, c’est la répartition. Il faut la préserver, car elle constitue un socle universel, intergénérationnel. Elle garantit une pension minimale à tous, mais elle ne suffit plus à assurer des retraites dignes à long terme. Le ratio actifs/retraités fond et le système vit déjà à crédit.
Ensuite, sa vision du système par capitalisation intervient au deuxième pilier :
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Le deuxième pilier, c’est une capitalisation obligatoire, progressive et encadrée. On ne touche pas aux 28 % de cotisations actuelles : on réalloue seulement une fraction (3 % au départ, jusqu’à 9 % à terme) vers ce compte. C’est votre épargne retraite, investie dans l’économie réelle, et qui vous appartient. Elle est transmissible à vos héritiers, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Pour ce qui est du troisième pilier, nous pouvons y voir un écho à sa proposition de loi sur la réforme du PEA :
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Le troisième pilier, enfin, c’est la liberté : chaque Français pourra renforcer volontairement son épargne retraite avec des incitations fiscales. Cela donne plus de liberté, plus de visibilité, et plus d’équité entre générations.
Inciter les Français à investir pour leur avenir
À travers les différents points que nous avons pu développer, nous avons pu constater que, quel que soit son niveau de vie, chaque citoyen a un intérêt à se constituer un patrimoine pour sécuriser son avenir financier et ne plus dépendre de l’État pour ses vieux jours.
Toutefois, de nombreux travaux doivent encore être menés pour opérer un véritable changement de paradigme.
Comment inciter les Français à investir leur argent ?
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Tout commence par l’école. Nous devons apprendre aux jeunes à gérer un budget, à comprendre l’intérêt composé, à faire la différence entre un actif et un passif. Mais ce n’est pas tout : il faut aussi simplifier les produits d’épargne, rendre lisible leur fonctionnement, supprimer les biais fiscaux absurdes. Enfin, il faut une communication de l’État claire et cohérente : valoriser l’actionnariat populaire, au lieu de le stigmatiser.
À ce titre, quels prochains projets de loi envisagez-vous pour encourager l’investissement des Français ?
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Depuis la création de l’UDR en septembre dernier, nous avons dévoilé trois grands éléments programmatiques : une réduction massive du périmètre de l’État, un plan de réduction de la fiscalité des ménages et des entreprises et notre modèle d’introduction d’une part de capitalisation dans notre système de retraite. C’est notre méthode : un travail de fond présenté lors de grands rendez-vous réguliers pour préparer l’alternance et notre arrivée au pouvoir avec nos alliés du Rassemblement national. Dans les prochains mois, nous dévoilerons nos prochaines propositions, notamment sur les actifs numériques.
❓ Est-ce possible d’acheter du Bitcoin (BTC) via un PEA ?
Nous remercions chaleureusement Éric Ciotti et son équipe pour le temps qu’ils nous ont accordé et leurs réponses.
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"chaque citoyen a un intérêt à se constituer un patrimoine pour sécuriser son avenir financier et ne plus dépendre de l’État pour ses vieux jours." Les citoyens ne dépendent pas de l’État pour leurs vieux jours, mais de la Sécurité sociale. La Sécu, ce n'est pas l’État !